Rudolf Hoess, Le commandant d’Auschwitz parle, Maspéro, Paris, 1979, p. 236-237.
Rudolf Hoess, a été commandant du camp d’Auschwitz du 1er mai 1940 à fin octobre 1943 puis de juin au mois d’août 1944. Détenu dans la prison de Cracovie après la guerre, il rédigea une autobiographie en l’attente de son procès. Le 4 avril 1947, il fut pendu en exécution du jugement.
© Mémorial de la Shoah.
Tout ce qu'ils savaient, c'était que Gross-Rosen devait être leur dernière étape, mais la façon dont ils y parviendraient restait pour eux un mystère. Ils réquisitionnaient de leur propre autorité des vivres dans les villages qu'ils traversaient, s'accordaient quelques heures de repos et poursuivaient leur route. Il n'était pas question de passer la nuit dans des granges ou dans des écoles, car tous les locaux habitables étaient remplis de réfugiés. Il était aisé de suivre les traces de ce « Chemin de Croix » car, tous les cent mètres, on se heurtait à un détenu mort d'épuisement ou fusillé. (…)
De temps à autre, je rencontrais aussi des officiers qui venaient d'Auschwitz dans les véhicules les plus divers. Je les postais aux carrefours et je les chargeais de rassembler les colonnes de détenus qui erraient aux alentours et de les diriger vers l'ouest, en utilisant éventuellement le chemin de fer.
Je vis aussi des convois qui étaient installés sur des wagons plates-formes destinés au transport du charbon et arrêtés en cours de route sur une voie de garage. Beaucoup d'hommes étaient morts de froid ; il n'y avait pour eux aucun ravitaillement. Je vis aussi des groupes de détenus qui avançaient paisiblement vers l'ouest, sans aucune escorte : ils s'étaient libérés et les sentinelles avaient disparu.