Dans de très nombreux camps des visites furent organisées par les Alliés à l’intention des civils allemands et autrichiens. La volonté d’informer, voire de rééduquer, s’accompagnait souvent d’une pulsion de vengeance. Certains charniers furent laissés délibérément en l’état. Des rescapés furent mis à contribution pour témoigner. La volonté punitive conduisit souvent les Alliés à exiger des Allemands de participer à l’exhumation ou à la mise en bière de restes humains. Les scènes de « pédagogie de l’horreur » furent photographiées et publiées par la presse, avec des commentaires accusateurs aux accents parfois vengeurs.
Le film comme preuve
Dans la « pédagogie de l’horreur », les images animées occupent une place très importante.
Chez les Américains, des unités spéciales sont organisées au sein des forces armées, comme la SPECOU (Special Coverage Unit), afin de couvrir les différents épisodes de la guerre, et notamment la libération du Vieux Continent.
Ces unités ont aussi pour mission de recueillir des preuves des crimes commis par les nazis, mission qui va devenir prépondérante après la découverte des premiers camps de concentration. Des hommes comme Samuel Fuller, George Stevens aux États-Unis, ou Sidney Bernstein en Angleterre, vont réaliser les premiers documentaires qui seront notamment utilisés à Nuremberg ou dans le cadre de la rééducation politique des pays occupés.
Du côté soviétique, les réalisateurs de l’armée rouge, chargés d’alimenter en images les actualités de guerre, ont été confrontés de manière encore plus précoce à la mort de masse : d’abord celle de la « Shoah par balle » puis dans la découverte des camps d’extermination, presque entièrement vidés de leurs occupants.
Si l’objectif n’est pas exactement le même, dominé d’abord par le souci de mobiliser la nation contre les exactions nazies, ces documents progressivement mis au jour depuis l’ouverture des archives soviétiques au début des années 1990 contribuent à renouveler et à enrichir les recherches sur l’épisode des libérations.
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