Les derniers mois de la guerre, les troupes allemandes refluent devant l’avancée des Soviétiques en Europe de l’Est et celle des Anglo-Américains après les débarquements de Sicile (juillet 1943) puis de Normandie, le 6 juin 1944.
La politique d’extermination des Juifs entre progressivement en concurrence avec les impératifs d’une production de guerre toujours plus dévoreuse de main d’œuvre. Des déportés juifs sont affectés dans les
Kommandos au service de la production industrielle. Exposés à l’extermination par le travail, ils côtoient d’autres catégories de déportés, prisonniers politiques, mais aussi travailleurs requis et parfois volontaires.
Après le démantèlement des centres d’extermination, on assiste à une augmentation de la population des camps, qui passe de 90 000 déportés en 1943 à 300 000 en 1944 et jusqu’à 700 000 en 1945.
La poursuite de la mise à mort des Juifs d'Europe
En dépit de l’évolution défavorable de la situation militaire, les nazis continuent à consacrer une partie de leurs efforts à l’extermination des Juifs. Quelques semaines après le débarquement en Normandie, en juillet, commencent la déportation et l’extermination des 440 000 Juifs hongrois, principalement à
Auschwitz-Birkenau. À l’automne 1944, 10 000 Juifs slovaques y sont également tués.
Un univers de plus en plus chaotique
Avec les marches de la mort, la situation des camps devient encore plus cauchemardesque. Environ 11 millions de ressortissants européens ont été déplacés sur le territoire allemand, un territoire qui ne cesse de surcroît de se réduire face à l’avance en tenaille des troupes alliées.
Certains camps comme
Bergen-Belsen sont bientôt surpeuplés tandis que les conditions de vie continuent de se dégrader, notamment à cause des épidémies de typhus et de dysenterie, aggravées sous l’effet du déplacement massif de populations.
Le fonctionnement des camps lui-même est bouleversé, l’encadrement SS étant parfois remplacé par des soldats de la Wehrmacht, ou des droits communs. La confusion des derniers mois de la guerre qui a jeté sur les routes des milliers de déportés raciaux, mais aussi des prisonniers de guerre, des travailleurs forcés ou non, contribue à brouiller la perception de l’identité des uns et des autres.
Dans un tel contexte, les réalités du système concentrationnaire nazi et la spécificité du génocide des Juifs ne sont pas toujours faciles à comprendre.