Les marches de la mort

À la fin de la guerre, face à l’avancée des armées alliées, les SS emmènent avec eux une partie des prisonniers pour les transférer vers d’autres camps, en Autriche ou dans le centre de l’Allemagne.
Tandis que le Troisième Reich s’effondre, déportés politiques et Juifs subissent d’ultimes épreuves connues principalement grâce aux témoignages des survivants. Ces déplacements forcés, qui commencent au printemps 1944, sont appelés « les marches de la mort ».

À l’approche des Soviétiques, les derniers prisonniers sont évacués de Majdanek le 22 juillet 1944. À l’Ouest, en septembre 1944, le camp de Natzweiler-Struthof est aussi vidé de ses occupants conduits dans les Kommandos de Dachau. En juin 1944, une ordonnance de Himmler donnait de larges pouvoirs aux chefs SS des camps.
Cette consigne explique pourquoi les scénarios de chacun des camps furent si différents : certaines évacuations tournèrent au massacre alors que, dans d’autres cas, la violence fut plus limitée. De très nombreux déportés meurent d’épuisement, de faim, de maladie ou sont exécutés par les nazis.
Les marches de la mort sont d’autant plus difficiles à comprendre que pendant les évacuations de Majdanek et les premiers départs d’Auschwitz, des convois continuent d’arriver de France et d’Italie à l’été 1944, puis de Hollande et de Theresienstadt en septembre. On estime que près de 300 000 sur les 700 000 personnes encore internées en janvier 1945, seraient décédées lors de ces évacuations.

Une improvisation générale

Comme l’a montré l’historien Daniel Blatman, les marches de la mort ne répondent à aucun plan d’ensemble. En l’absence d’un ordre d’évacuation général, ce dernier soubresaut de la machine concentrationnaire doit beaucoup à l’improvisation, aux décisions des commandants des camps et des responsables régionaux de la police du Reich dans les zones de combat.

De ce fait, il existe de multiples expériences de marches de la mort, différentes par leur durée (de quelques jours à plusieurs semaines), les itinéraires et les conditions de déplacement, l’état de santé des déportés, la personnalité des SS et l’attitude de la population. Ainsi, les déportés évacués d’Auschwitz et des camps de travail de Haute Silésie parcoururent des trajets compris entre 200 km (pour ceux qui arrivèrent à Gross-Rosen) et 3 000 km (pour ceux qui arrivèrent à Dachau, Buchenwald ou Bergen-Belsen). Dans la plupart des cas, la mortalité fut considérable.

La population face aux déportés

Tandis que les routes sont encombrées par des colonnes de détenus, la population assiste aux mauvais traitements infligés aux déportés. Certains restent des témoins passifs des meurtres perpétrés sous leurs yeux. D’autres, dans le contexte d’effondrement des structures de la société allemande, conditionnés par plusieurs années de propagande nazie, participent aux massacres et à la chasse aux déportés perçus comme dangereux.

© Mémorial de la Shoah/Coll. KZ Gedenkstaette Dachau
© Mémorial de la Shoah/Coll. KZ Gedenkstaette Dachau
© Mémorial de la Shoah.