Mis en service en octobre 1941 pour les prisonniers de guerre soviétiques, des politiques polonais, des soldats juifs de l’armée polonaise, le camp de Majdanek devient, à partir de 1942, un rouage de la Solution finale.
À leur arrivée, le 24 juillet 1944, les soldats soviétiques découvrent une véritable usine de la mort, quasiment intacte, avec ses chambres à gaz, ses fours crématoires, ses nombreuses potences et sa fosse commune.
Ils capturent quelques SS du camp. Les seuls survivants sont 480 prisonniers de guerre et 180 déportés politiques. Le camp de Majdanek ayant été vidé en grande partie de ses occupants, c’est surtout par des monceaux d’effets personnels que les Soviétiques prennent d’abord conscience du processus d’extermination avant de découvrir les chambres à gaz et les fours crématoires.
Les généraux Dimitri Kudriavtsev et Nikolai Boulganine font venir les soldats soviétiques pour qu’ils jugent par eux-mêmes de l’ampleur des crimes nazis, avant de continuer leur marche vers l’Ouest. Diplomates et correspondants étrangers sont également invités à venir sur place.
L'entrée des Soviétiques dans les camps d'extermination
L’effort de guerre soviétique fut accompagné d’une intense propagande destinée à mobiliser les soldats « jusqu’à Berlin », suivant le mot d’ordre du régime. En dépit de l’expérience de plusieurs années sur le front de l’Est, la découverte des camps représenta un véritable choc pour les Soviétiques. Les services de propagande donnèrent consigne aux journalistes de faire connaître les atrocités nazies dans la presse, qu’il s’agisse de la Pravda, de Red Star ou de Red Army, le principal titre de la presse aux armées.
Konstantin Simonov, l’un des premiers correspondants de guerre présents à Majdanek, publia des descriptions très précises fondées sur ses propres observations et des interviews de survivants et de témoins. Il ne taisait rien des atrocités : chambres à gaz, crématoires, charniers, usage des cendres humaines comme engrais, gazage des prisonniers de guerre puis des Juifs. Ses articles sont relayés par la presse puis rassemblés dans une brochure spécifique.
À Majdanek, les Soviétiques obligèrent des prisonniers de guerre allemands à voir le camp. Ils organisèrent aussi des visites pour les civils polonais et les soldats de l’Armée rouge dont la plupart ressortirent, à en juger par l’étude de leur correspondance, plus déterminés que jamais à combattre les Allemands. Une large publicité fut donnée aux enquêtes réalisées dans les camps, notamment en direction de l’étranger.
À peu près au moment où ils pénétraient dans Majdanek, les troupes du 1er front biélorusse atteignirent Treblinka et Sobibor.