Buchenwald est le plus grand des camps de concentration encore existants. Fin février 1945, derrière les barbelés du camp principal et dans les 88 camps externes, se trouvent 112 000 personnes, parmi lesquelles 25 000 femmes. Les effectifs ont fortement augmenté depuis la fin 1944 avec l'évacuation progressive du complexe d'Auschwitz. Les conditions de vie dans le camp principal se sont fortement dégradées, provoquant quelque 13 000 morts. Du 7 au 10 avril, 28 000 personnes du camp sont à leur tour évacuées vers les camps de Dachau, de Flossenbürg et de Theresienstadt.
La 6e division blindée de la 3e armée américaine arrive sur le site du camp de Buchenwald le 11 avril, provoquant la fuite des SS. Dans ces circonstances, en milieu de journée, le comité international clandestin déclenche une insurrection des groupes de résistance qui prennent le contrôle du camp : 21 000 détenus retrouvent ainsi la liberté.
Les troupes américaines de la 3e armée pénètrent le 4 avril 1945 dans le camp d'Ohrdruf-III en Thuringe, un Kommando de Buchenwald destiné à l'installation d'usines d'armement dans des tunnels. Les Américains viennent de libérer la ville de Gotha. Il s'agit du premier camp découvert sur le front Ouest ; le site porte encore les traces de la tragédie vécue par les déportés, alors que les nazis ont évacué vers Buchenwald près de 9 000 détenus deux jours plus tôt. Ils laissent derrière eux des dizaines de corps de détenus exécutés ou morts les jours précédents, dans les bâtiments ou à l'extérieur.
Le 12 avril, huit jours après que la 4e division blindée se fut emparée du camp, une délégation d'officiers supérieurs américains est présente sur place, avec Dwight Eisenhower, commandant du SHAEF, Omar Bradley et George S. Patton. Ils sortent bouleversés de cette confrontation avec l'univers concentrationnaire, à laquelle participe des rescapés échappés de l'évacuation et revenus dans l'ancien camp avec leurs libérateurs.