témoignage de Georges Snyders

Un jour, vers cinq heures du soir, un Russe qui avait l'air de se promener a ouvert la porte du camp. J'ai eu l'impression qu'il ne savait pas où il était quand il a découvert un groupe de personnes à l'aspect squelettique. Il est allé chercher ses officiers qui nous ont pris en charge. Ils semblaient être venus par hasard, même s’ils ont fait ce qu’il fallait faire. Ils ont trouvé un local et ils nous ont nourris. Je me rappelle que, la nuit, je voulais constamment avoir un plat de nouilles près de moi, sentir la nourriture à mes côtés. Ce qui nous a étonnés, c’est le peu de discipline, le peu d’ordre qui régnait parmi les soviétiques. Nous nous demandions comment ils avaient pu vaincre les nazis. Ils étaient mal équipés, mal habillés et donnaient un sentiment de pagaille dans tout ce qu’ils faisaient.

biographie

Georges Snyders est né à Paris en 1917. Elève de l’École normale supérieure, en 1939, il fait son service militaire dans l’artillerie et se trouve affecté dans la DCA pendant la guerre. Il est démobilisé à Agen au moment de la défaite et décide de s’installer en zone libre. Il transforme son allocation de normalien en bourse pour la faculté de lettres de Lyon. C’est dans cette ville qu’il est arrêté, après le débarquement. Le convoi qui l’emmène à Auschwitz est l’un des derniers à partir de France. Il travaille dans le complexe de Monowitz lorsque le camp est évacué. En 1946, il reprend ses études. Agrégé de philosophie, il se spécialise en sciences de l’éducation, publie de nombreux ouvrages. Il adhère au Parti communiste, le quitte en 1956, y revient en 1974. En 1996, son fils, Jean-Claude Snyders, revient dans Drames enfouis sur l’après-Auschwitz de son père et sur le silence qui a entouré l’expérience concentrationnaire. Georges Snyders écrit la postface.

pour en savoir plus

Entretien croisé de Georges Snyders et de son fils Jean-Claude :

www.anti-rev.org/temoignages/Snyders96a/