La majorité des gens ne cherchait pas à savoir. Je dois dire que, même les étudiants de la Sorbonne ou Sup-de-Co Le Havre ou les professeurs à Sèvres ne cherchaient pas beaucoup à savoir. Mais si les gens n'ont pas voulu entendre, c'est qu'on ne leur a pas appris à entendre. Les témoignages ne se font que depuis peu.
En 1945-46, l'objectif premier des gens était de se réinsérer dans la société en pleine reconstruction grâce à l'aide américaine. Les gens se sont plus intéressés à leur propre intérêt plutôt qu'aux quelques-uns qui rentraient de déportation [...]. Je ne leur en veux pas, parce que je considère qu'ils ne savaient pas. Par contre, il est nécessaire de leur expliquer.
biographie
Marcel Stourdze est né en 1913 à Boulogne-Billancourt. Fils de rabbin, il fait des études de dentisterie. À la mort de son père, en 1934, il devient soutien de famille de sa mère et de ses sept frères et sœurs et travaille aux Galeries Lafayette. Il est à Lyon, après avoir été démobilisé, à partir de 1941. Il s’y marie. Il participe à la Résistance, est arrêté le 16 août 1943 avec sa femme et sa belle-mère. Détenu au fort de Montluc, il est torturé par Klaus Barbie et sera déporté comme « juif et terroriste ». Interné dans un premier temps à Drancy, il arrive à
Auschwitz le 7 octobre 1943, n° 157242. Sa femme est gazée dès l’arrivée. Il travaille dans les mines de Monowitz. Il est évacué le 18 janvier 1945, puis arrive à
Dachau où il sera libéré après une
marche de la mort.
Membre de la commission Solidarité de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, très handicapé par les séquelles de sa déportation, Marcel Stourdzé a témoigné, en mai 1987, au procès de Klaus Barbie, puis à celui de Touvier et de Papon. Il fut président de l’Association des déportés et internés juifs. Il est décédé en 2012.
pour en savoir plus
Témoignage enregistré :
collections.ushmm.org/search/catalog/vha5247