Pas plus que les Soviétiques, les Alliés occidentaux n’ont programmé la libération des camps. Celle-ci est directement liée à l’avancement des troupes alliées. Pourtant, les gouvernements ont eu des informations sur la situation des déportés en Allemagne, notamment depuis l’entrée des Russes à
Auschwitz et la découverte précoce du camp du
Struthof, en novembre 1944.
Les libérations des camps
Le primat des impératifs militaires
Les impératifs militaires demeurent prépondérants, d’autant plus que l’Allemagne a montré, lors de la contre-offensive des Ardennes de l’hiver 1944-1945, qu’elle conservait un important potentiel militaire.
Ces impératifs stratégiques expliquent également que les bombardements alliés se poursuivent, notamment sur des complexes industriels, à proximité desquels se trouvent de nombreux
Kommandos, ce qui ajoute encore à la confusion. Dans ces conditions, les initiatives militaires spécifiquement destinées à la libération des camps ont été rares et tardives, comme pour
Dachau, le 28 avril 1945, grâce à l’intervention de Patton qui envoie un détachement pour libérer le camp.
Une « libération » accidentelle ?
Les libérations de camps donnant lieu à des combats puis à des moments de liesse collective sont l’exception. Les affrontements armés avec les Allemands concernent les camps où il existait un semblant d’organisation collective, notamment parmi les déportés « politiques ». C’est le cas à
Buchenwald, dans le « grand camp », où les derniers gardiens sont pourchassés et abattus par les déportés et les soldats américains accueillis en héros. C’est également le cas à
Mauthausen, libéré du 4 au 6 mai 1945.
Les libérations se déroulent en général en plusieurs phases. Ce sont le plus souvent des petits groupes de soldats alliés qui entrent les premiers en contact avec une réalité concentrationnaire qui elle-même se désagrège. Moins que les camps eux-mêmes, les soldats américains découvrent d’abord les nombreux
Kommandos qui les entourent : c’est le cas pour Ohrdruf et Nordhausen, qui dépendent de
Buchenwald, « libérés » par les premiers détachements américains, conduits sur place par des déportés récemment évadés (4 avril 1945). Puis c’est le camp principal qui est libéré quelques jours plus tard. Le choc de la découverte, l’état effroyable des survivants, les cadavres abandonnés à même le sol poussent les Américains à infléchir leur stratégie alors même que la fin du conflit se rapproche.
Le 12 avril, Patton, Eisenhower et Bradley sont à
Ohrdruf. Peu après, Eisenhower, chef suprême des opérations en Europe, donne l’ordre à toutes les unités qui le peuvent de venir sur place, comme le firent aussi les Soviétiques, pour prouver aux soldats qu’ils se battaient pour une cause juste.
Morts et mort après la libération
Dans de très nombreux cas, la « libération » n’est que la brutale mise au jour d’un effroyable chaos, comme à
Bergen-Belsen, « libéré » le 15 avril 1945 par les troupes britanniques. Dans les derniers mois de 1945, le camp s’est rempli de vagues successives de déportés rescapés des «
marches de la mort ». Les conditions sanitaires y sont désastreuses. Les autorités ne parviennent pas à endiguer les épidémies et décident, quelques semaines plus tard, d’incendier les principaux bâtiments, après avoir ramassé les corps avec des pelleteuses et enterré les morts dans des fosses communes.
Le témoignage de Jacques Sergent
Le témoignage d'Henri Borlant